Notes historiques




Saint-Marcel : vue générale
(collection Michel Dubois)


 

Habitée dès le début de la préhistoire, la Franche-Comté fut relativement unie dès l’antiquité.
 

A l’origine territoire des Séquanes (peuple gaulois de l’Est de la Gaule) elle passe, après neuf années de luttes acharnées, sous domination romaine après la chute de Vercingétorix. Occupée brièvement par les Burgondes après les grandes invasions, elle fut annexée en 534.
 

Le christianisme a fait son entrée en Séquanie vers la fin du II siècle .

 

Le village de Saint Marcel est cité dès le VI siècle dans les anciennes chartes sous le nom d’ALBINIACUM VILLA puis d’AUBIGNAC.

 

A cette époque, il se situait très certainement sur le versant Sud et Sud-Ouest du coteau de Roussey, de Maupas et des Montants, à environ 200m de la route de Vitrey et à 400m à l’Ouest du village actuel.


 


vu depuis le chemin "du Cornot" : l'emplacement d' ALBINIACUM VILLA ; en haut à gauche derrière les arbres fruitiers
(Mai 2014)


 

Le nombre des vestiges qui ont été découverts en ces lieux assez vastes attestent de constructions importantes:

 
  • ossements humains,

  • nombreux débris de tuiles romaines

  • une terre noire et riche,

  • pierres éparses portant la trace du feu,

  • avant-bras d’une statue en plomb découverte en 1884 par des ouvriers qui extrayaient là des phosphates et à 1,50m de profondeur,

  • en Maupas, aux alentours de 1876, découverte d’une niche remplie de cendres.

 

En 579, GAUDIN et son épouse LAUTRUDE (de la première noblesse de Bourgogne ), ayant hérité du domaine d’ALBINIACUM à titre de franc-alleu, en firent don aux Bénédictins de Saint Bénigne de DIJON .

 

Par suite des guerres qui ont dévasté à plusieurs reprises le Royaume de Bourgogne sous les fils de Louis le Débonnaire (avant l’an 840) et des invasions par les Sarrasins, les Normands et les Hongrois (VIIIè et IX è siècles), les Bénédictins de St Bénigne furent longtemps privés de leur domaine d’ALBINIACUM qui ne leur fut restitué qu’en 1003 par OTTON GUILLAUME alors Comte de Bourgogne.

 

ALBINIACUM, qui entre temps était devenu AUBINIAC, avait été totalement détruit en ces périodes de troubles et de bouleversements puis reconstruit, plus bas en longeant la Couaz, autour d’une église à trois nefs et de style gothique, dédiée à Saint Marcel et édifiée au IXè siècle par les possesseurs intérimaires de la terre.

 

S’y trouvaient les chapelles de la Vierge, de Sainte Catherine et Sainte Yolande .

 

Le village naissant autour de cette église prit alors le nom de SAINT MARCEL puis, plus tard celui de SAINT MARCEL LES JUSSEY .

 


dessin extrait du manuscrit de 1888 de Jules ROY
(collection Jean Marie GUILLAUME)

 

Cette très vieille église, déjà paroissiale au XIè siècle, a été détruite en 1843 et remplacée par l’actuelle, sur le même emplacement.

 

Une statue de pierre représentant la vierge assise sur un fauteuil et tenant Jésus sur ses genoux a été trouvée en terre dans un lieu où passait la voie romaine Jussey-Voisey (lieu-dit les Herbues, entre les territoires des communes de Saint-Marcel et de Cemboing).

 


"la Vierge de Cemboing"
(Mai 2014)

 

Cette découverte (non datée) fut à l’origine d’un différent entre les deux villages. La légende rapporte que pour mettre fin à cette contestation , il fut convenu de mettre la statue sur une voiture attelée à deux bêtes de trait, l’une de Saint Marcel, l’autre de Cemboing, et que la statue appartiendrait à celui des deux villages où ces animaux la conduiraient d’eux-mêmes. Ils prirent le chemin de défruitement qui conduit à Cemboing en passant devant le cimetière et arrivèrent à l’église ou ils s’arrêtèrent . Cette statue de la Vierge fut alors déposée au fond du chœur de l’église de Cemboing, dans une niche richement décorée . Les habitants du village l’ont en grande vénération, l’appellent "Notre Dame de Cemboing", et s’en remettent à elle pour leurs maladies et voyages.

Il est assez curieux de constater que semblable légende circule à Preignier (70) concernant une statue de pierre polychrome conservée en son église, représentant, là aussi, la Vierge assise tenant sur ses genoux l'enfant Jésus  et dite "Notre Dame de CHERLIEU".  

 

Des textes anciens rapportent la présence de mine(s) de cuivre sous l’Antiquité et même d’une mine d’or (un filon d’or) que l’éboulement des terres n’a pas permis de poursuivre l’exploitation . A ce sujet, il est à noter que le Cadastre Napoléonien du village reprend l’indication d’un lieu dit «La Mine» situé le long de la Couaz, sur le coté droit de son cours et sur la gauche du chemin dit «du Cornot ».

 

A l’époque gallo-romaine fût érigé un château-fort sur la hauteur de Noroy les Jussey qui domine Saint-Marcel.

 

Il fut appelé «la Bridelle» puis «le Chatelet». Sa superficie était d’environ 2,5 ha et il était défendu par un mur construit avec ciment et présentait des angles aigus au nord et à l’est et un rectangle à l’ouest. Le Cadastre Napoléonien de Noroy les Jussey en fournit approximativement les contours. Des ossements, des souterrains et des armures y ont été découverts. Du haut de ce retranchement et par temps clair, on peut apercevoir 22 villages dont la Citadelle de Langres. Ce «Chatelet» commandait les routes qui arrivaient à ses pieds se croisant à Montigny et Saint-Marcel.

 

Sur le plateau de la«montagne» dite du Chatelet qui domine Noroy, Edouard CLERC, archéologue, rapporte avoir vu les vestiges d’une circonvallation d’un camp romain fort bien placé pour surveiller la région puisque culminant à une hauteur de 372 mètres au dessus du niveau de la mer . Il écrit que la partie escarpée de ce promontoire est inaccessible et que, de ce coté là, le mur de circonvallation est formé de pierres disposées en amoncellements parfois considérables ; que le pourtour de cette enceinte est irrégulier et présente tantôt une courbe, tantôt un angle; et que de ce rempart, des entassements de pierrailles allongés descendent le long de la pente à pic. Il poursuit en précisant que le coté Sud-Est par contre ne présente aucun escarpement et qu’il s’incline en pente douce vers le village de Noroy .

 

Pour pallier le manque de défenses naturelles de cette partie facilement accessible, un certain nombre de murailles avaient été jadis établies dont l’ensemble avait une configuration irrégulière : les unes espacées de distance en distance décrivaient des courbes parallèles, qu’entre elles étaient pratiquées de grandes allées et que les autres s’étalaient dans des directions contraires . Edouard CLERC estime que le camp que protégeait ce mur de circonvallation était d’une surface restreinte puisque d’une contenance limitée à 2,5 hectares .

 

Au cours des investigations qu’il a entreprises en ces lieux dans les années 1860-1870, Achille BOUILLEROT, archéologue de Cintrey, avait recueilli des silex taillés, des pointes de flèches, des débris de hache en pierre polie ainsi que de grossières poteries. L’endroit ou il avait été précédemment trouvé les ossements d’un squelette humain avec quelques armes lui a été montré . Là, il découvrit lui-même les débris d’un ancien moulin à bras et il rapporte qu’il lui a semblé voir des substructures d’habitations gauloises en des emplacements circulaires disposés à la suite les uns des autres le long d’un des murs de circonvallation. Il signalait également le long du mur d’enceinte, sur le versant escarpé, des cendres, des charbons et des pierres rougies par le feu, qui pouvaient être, à son avis, l’emplacement de feux de signalisation optiques avec les camps du voisinage dont celui de la Roche Morey .

 

Au lieu dit "le Champ Foyot" situé à 300 mètres du village de Noroy, existait une pierre appelée "Haute Borne" qui avait la forme d’ un parallélépipède rectangle dont la base avait 50 centimètres de coté et une hauteur de 1,5 mètre. Notons que cette pierre a disparu vers les années 1860-1866 .

 

Lors de notre visite sur les lieux du Chatelet, en date du 19 Août 2013, nous n’avons pu constater que l’enfrichement général du site. Pourtant, une sorte d’esplanade herbagée apparaît à l’Ouest, au débouché des deux chemins venant de Noroy, ce qui peut laisser supposer que l’entrée de la fortification s’y trouvait. De cette grande surface, en pré et relativement plate, démarre un chemin le long de l’abrupt (coté Ouest) en direction du Nord. Ce chemin caillouteux, aménagé en sous-bois, est en légère surélévation par rapport au reste du plateau à l’état d’emboisement dense, ce qui laisse penser qu’il est établi sur les fondations d’une partie du mur d’enceinte. Il longe l’abrupt sur une soixantaine de mètres et aboutit à un monticule d’une cinquantaine de centimètre de haut, en pierres maçonnées, destiné à servir d’observatoire aux visiteurs.

 
En "Valotte", on signale l’existence d’une ferme fortifiée, d’un château ou d’un couvent de femmes protégé par un fossé et ce lieu portait le nom de "Closey" ou encore de "la Grange de Valotte".Il s’agit très certainement de l’enceinte d’un camp préhistorique .
 

La reproduction d’un plan de 1792 (Planche III jointe au manuscrit de Jules ROY) y indique la présence des ruines de deux bâtiments et d’un ruisseau. L’original de ce plan, dressé par le géomètre LEBLOND en date des 22 et 23 Août 1792, était joint aux différentes pièces relatives à un procès survenu entre la Commune de Saint Marcel et l’un de ses habitants : Monsieur MAIRET, acquéreur des biens seigneuriaux.

 

Jules ROY rapporte y avoir lu que «ce fossé n’est point fait pour servir de clôture au champ du demandeur ; mais une dépendance d’un ancien château fortifié»

 

Le géomètre LEBLOND mentionne dans le procès verbal annexé à son plan, que « cet ancien fossé a différentes largeurs, depuis une perche jusqu’à deux perches, ainsi que le plan le désigne, lequel se trouve malgré qu’il paroit beaucoup rempli, d’environ sept à huit pieds plus bas que le patis qui le joint, et d’environ quatre pieds au-dessus du Closey»

 

«Le talus dudit fossé joignant le patis a de large depuis six pieds jusqu’à treize pieds suivant le plus ou le moins que ce fossé est rempli. Il paroit que ce fossé a été fait à cause des bâtiments qu’il renfermoit. On ne pratique pas des fossés de cette espèce pour clore un héritage».

 

Les Mémoires de la Commission d’Archéologie de Besançon, quant à elles, rapportent en Août 1839 que «Saint Marcel est au milieu de champs ou l’on trouve fréquemment des décombres et des tuileaux romains. A un quart de lieue des maisons, dans la direction Sud-Ouest, on remarque un vaste espace de terrains qui est entouré d’une levée de deux mètres de haut, construite en terre. Le plus grand diamètre de cette enceinte est d’environ cinquante pas . Monsieur le Docteur PRATBERNON (l’un des membres de cette Commission, dans «Recherches sur les cantons de Vitrey, Jussey et Combeaufontaine») en parle comme d’une espèce de cirque de 500 pas environ de diamètre, environné d’une digue de terre de 6 pieds à peu près et dont, peut-être les bases et les ouvrages intérieurs ont été encombrés par les terres que les torrents y entraînent ».

 

Aujourd’hui, "le Closey" ne peut que se deviner tant les terres ont été travaillées. En 2013, il est à l’état de pré mais sa forme circulaire est encore visible et sa dénivellation n’est plus que de quelques dizaines de centimètres. La zone intérieure, légèrement en creux par rapport au reste des terrains l’encadrant, est humide au point de développer des joncs.

 

On trouvait encore, il y a peu d’années, à proximité de ce lieu, les vestiges d’une fontaine dite «de Valotte», en pierres maçonnées dont les contours sont repris au Cadastre dit Napoléonien. Elle a longtemps été la seule source d’approvisionnement en eau potable du village.

 


la fontaine de Valotte
(Août 2013)

 

Le Cadastre Napoléonien reprend entre le village et le «Bois du Haut» un lieu dit «le Petit Closé» ce qui laisse supposer que cet endroit a du, lui aussi, abriter des bâtiments fortifiés du même type que ceux du «Closey» de Valotte; mais de moindre importance.

 

Ce lieu dit du «Petit Closé» est précisément situé entre la Couaz (qui prend sa source en «Danvion» en rive du «Bois du Haut») et le Chemin de l’Etang, à environ une centaine de mètres des dernières maisons du village, un peu avant «Chanteraine». Un plan détaillé du canton de Vitrey de 1858 signale à cet endroit une retenue d'eau désignée "récipient" pouvant correspondre aux anciens fossés du "Petit Closé".


 


Emplacement du "Petit Closé" vu du "chemin de l'étang"
(Mai 2014)

 

Les photos aériennes récentes définissent en ce lieu une végétation de forme circulaire qui pourrait correspondre aux anciennes emprises fortifiées ou à des fossés alors alimentés par la Couaz.

 

Dans cette présente notice historique consacrée au village de Saint Marcel, il est plusieurs fois fait référence au Cadastre dit Napoléonien. A l’observation de ses données, il est possible de dater la situation qu’il décrit à la période allant de 1828 à 1840 environ.

 


Cadastre "napoléonien" (entre 1828 et 1840)
 

 

Avant la construction des fontaines communales en 1868, les animaux s’abreuvaient dans une marre alimentée par la Couaz ou par les eaux de ravinement des rues ; elle était située à l’actuel emplacement de la fontaine dite « du bas » (voir Cadastre Napoléonien ci-dessus). On peut aussi noter la présence d'un puits à l'angle de la "Route de Montigny" et de la "Riotte". Ce point d'eau était dénommé " la Fontaine Noire ".

 Le plan d'alignement des rues de 1840 confirme ces queques informations et renseigne quant à la localisation, aux contours et à l'aspect général des fontaines avant 1868.





              

La fontaine dite "du bas" dans les années 60/65 et l'emplacement de "la Fontaine Noire"
(collection Micheline Pape)




La fontaine "du Bas" vers 1930, avant sa couverture. 
(collection Jean-Pierre Guillaume)





La fontaine "du Bas" vers 1960, après sa couverture.
(collection Jean-Pierre Guillaume)





La fontaine "de la Planche du Pont" au milieu à gauche vers 1940 et après sa couverture.
(collection Jean-Pierre Guillaume)




La fontaine de "la Planche du Pont" avant sa couverture.
(collection Jean Pierre Guillaume)





La fontaine "de la Planche du Pont" après sa couverture.
(photo Jean Pierre Guillaume)



 


La fontaine "du Haut" et la colonie (marquée d'une croix)
(photo Jean Pierre Guillaume)



 

Aujourd’hui, les maçonneries de la «Fontaine de Valotte» ont disparu, détruites ou simplement envasées et envahies par les herbes et il ne subsiste plus qu’un point d’eau bétonné du type point de captage moderne.

 

«Le Closey», ce domaine dit de «la Grange de Valotte» a été ascensé à perpétuité en 1251 par l’abbé Guillaume du couvent de Cherlieu aux religieux de celui de Saint Marcel ainsi qu’un champ sur Montigny pour trois muids pairs de froment et d’avoine. 

Les Couvents de Cherlieu et de Saint Marcel firent ainsi de fréquentes transactions ou arrangements.

Par exemple, en 1266, le successeur de Guillaume leur ascense de même la Ferme de Girecourt (Commune de Rosières) pour cinq muids de froment et d’avoine, leur quitte trois pairs de Valotte et accorde à leur moulin de l’étang de Noroy (situé entre Noroy et Montigny) des droits de pâturage très étendus et l’usage de mort-bois dans la foret voisine (dite du «Chêne Gilbert») depuis la Saint Martin jusqu’à la Saint Jean Baptiste.

 

L’étang ( environ 1 hectare ) de la forêt dite «du Bois du Haut» fournissait également les habitants en eau.

 


(Août 2013) 




(collection Jean-Pierre Guillaume)
 


Il constituait une réserve importante en cas de sécheresse et d’incendie et il alimentait un petit ruisseau ("La Couaz"- origine possible de ce nom : Coua = chanvre, chenevière) qui traverse encore le village et servait à l’époque de tout à l’égout. Tout au long des années 1960 - 1970, l'étang lui-même servit de décharge pour les encombrants de toutes natures. Il ne fut remis en état de propreté que dans les années 80 et, plus récemment aménagé en espace nature par une association de pécheurs.

 

C’est entre l’an 850 et l’an 1000 que l’abbé Guillaume de Saint-Bénigne construisit, sous l’invocation de Notre Dame, un vaste monastère de son ordre, à AUBINIAC.

 

Selon le Docteur Pratbernon, la création de ce monastère remonterait au VI siècle, plus précisément en 590 . Toujours d’après lui, ce monastère dont l’église gothique a subsisté jusqu’à la Révolution, fut fondé sous Gondécourt, cinquième roi de Bourgogne, qui y envoya pour déterminer l’emplacement et la forme Saint Avys, abbé de Miey, qui vivait sous Clovis ou Clodomir ; qu’en l’an 600 ce monastère fut visité par Saint Colomban, fondateur de l’abbaye de Luxeuil, qui y établit la règle de Saint Benoît, qu’on y voyait des épitaphes (inscriptions funéraires) de l’an 751, de 840 et de 1121 .

 

Ce monastère était situé à l’entrée du village, en venant de Jussey et sa possession par l’abbaye de saint Bénigne fut confirmée par l’empereur allemand Henri III en 1053 et 1056, par une reconnaissance conforme de l’archevêque de Besançon Guillaume d’ARGUEL en 1114 et par les bulles papales de 1124, 1177 et 1193.

 


sur la droite et à mi-hauteur: l'emplacement de l'ancien monastère
(Août 2013)

 

Le prieur de Saint Marcel (Saint Marcel lès Jussey) était seigneur et avait rang dans les états généraux de la province. Il avait aussi la totale justice, le droit de sceau, de corvée et de taille sur les villages de Saint Marcel, Noroy et Cemboing. Il avait aussi le patronage des trois églises des communes précitées et il en partageait le casuel avec les curés selon le principe que la moitié de tout ce qui vient de l’autel des aumônes mortuaires ou de mariages lui revenait et qu’il abandonnait au curé des villages les offrandes pour les baptêmes, les confessions, les bénédictions de maisons neuves et de pèlerins, les deniers de charité, les quêtes de vin, les deux deniers et la poule de mariage, les cierges offerts à la fête patronale et pour sa pitance, douze deniers pris sur l’offrande.

 

En 1290, le monastère, placé sous la garde des comtes de Bourgogne, disposait d’un revenu qui s’élevaient à cinq cents livres estevenantes (l’équivalent de 7500 francs en 1888) et possédait cinq cents livrées de terres.

 

Entraînés par le courant des idées libérales, les prieurs de Saint Marcel surent accorder à propos les franchises réclamées à plusieurs reprises par les habitants du lieu. Tous ces droits portaient le sceau du prieuré avec la légende : Sigillum prioratus Scti. Marcelli .

La plupart des prieurs appartenaient aux premières maisons du Comté de Bourgogne et de Lorraine . Ils étaient nommés par l’abbé de Saint Bénigne et inhumés dans l’église du prieuré. Le dernier prieur portait le nom de Colbert. Il est le trente et unième sur la nécrologie du monastère, qui couvre 680 ans (de 1109 à 1789).

 

Liste des prieurs connus :

 

LAMBERT vers 1109

HALINARD vers 1140

FREDERIC 1226

JACQUES 1286

GUILLAUME 1291

GUILLAUME de VADANS 1307

AIME de RYE 1334

HUMBERT de POITIERS 1357

PIERRE de RUPT 1395

JEAN de CHAREY 1400

JEAN de BOURBONNE 1410

AIME de MONTRION 1417

JEAN de TOISSY 1420

JEAN de SAINT JEAN DE LOSNE 1423

GUY de VAUDREY 1431

GUILLAUME de BEAUFFREMONT 1486

RICHARD de TRESTONDANS 1501

ANTOINE de MYPONT 1525

FRANCOIS d’IGNY 1544

MARC de RYE

THOMAS

FRANCOIS CLAUDE LADVOCAT 1552

N………… 1572

FERDINAND de RYE 1580

HENRI OTHENIN

MARIN BOYVIN 1656

EGIDIUS BRUNET

DURAND de REMILLY 1740

PIERRE JEAN de SIRY

FRANCOIS GABRIEL ELEONORE JOUFFROY d’ABBANS 1785

ALEXANDRE COLBERT

 

A partir de 1544, il n’y a eu, à Saint Marcel, que des prieurs commendataires, mais la vie conventuelle n’y cessa qu’après la guerre de 10 ans (1644).

 

La démolition de cet important monastère serait intervenue vers 1680 et seul un prieuré «rural» subsista jusqu’en 1791. En 1670, le cloître du monastère existait encore et on pouvait toujours y voir les cellules des religieux. La statue de la Vierge, antique et unique souvenir de son église, est conservée dans l’église paroissiale.

 

Aux alentours de 1350-1400, le village connut une période de fléaux divers, tels que famines, épidémies de peste, brigandages et meurtres crapuleux.

 

En 1475, Saint-Marcel fut totalement détruit par Louis XI dans sa lutte contre les bourguignons.

 

En 1569, le village connut l’invasion des Huguenots (15.000 hommes) qui parcouraient le pays, pillant et réduisant en cendres les habitations et les cultures, conduisant par là-même à de nouvelles famines.

 

Après la mort de Charlemagne, la Franche-Comté changea de maître à plusieurs reprises, faisant partie du Saint Empire Germanique, du royaume de France ou du Duché de Bourgogne.

 

La province vécut ce qu’elle considère comme son age d’or à l’avènement de Charles Quint qui était le seul héritier des dynasties d’Aragon, Autriche, Castille et Naples. Charles Quint octroie en effet à la Franche-Comté nombre de privilèges commerciaux et monétaires et s’entoure de nombreux Comtois dans l’art des armes et de la diplomatie.

 

En 1556, au seuil de sa mort (en 1558), Charles Quint cède la Franche-Comté à son fils Philippe (Philippe II d’Espagne) la passant ainsi sous administration espagnole.

 

En 1595, les hordes de Tremblecourt font subir à Saint Marcel un pillage horrible . Partout règnait l’épouvante et le désespoir, les habitants emportaient ce qu’ils avaient de plus précieux, fuyaient au fond des bois pour y trouver un asile contre la violence . Toujours en 1595, Henry IV déclare la guerre à l’Espagne et envahit la province. Les campagnes sont ravagées et les troupes françaises sont repoussées grâce à l’arrivée de renforts espagnols. Le traité de Vervins signé en 1598 met fin aux hostilités entre la France et l’Espagne.

 

En 1635, le 27 mai, Louis XIII, suivant le conseil de Richelieu, déclare la guerre en vue de conquérir la Franche-Comté. Cette nouvelle invasion aboutit, en 1644, à la confirmation de suzeraineté de l’Espagne sur cette province qui ressort de nouveau exsangue du conflit, à tel point que la moitié de la population à péri durant cette guerre dite «de 10 ans». A cette guerre ce sont ajoutés deux autres fléaux : la famine avec de nombreux cas de cannibalisme, y compris au sein des troupes, et la peste qui décima la population à compter de 1635.

 

Des champs entiers, y compris des vignes, étaient à l’état d’abandon, faute de bras, de matériels et d’animaux de trait pour les cultiver, et les terres en culture ne couvraient pas les besoins vivriers. La Franche-Comté connut alors une période d’immigration importante de français, de lorrains, de savoyards et de suisses parmi les plus nombreux, mais aussi quelques allemands, alsaciens et italiens afin de relancer l’activité. En 1654, à Jussey on dénombrait 32 % d’immigrés.

 

Un tel état de la population de la Franche-Comté nécessita l’établissement de listes nominatives des habitants, village par village, notamment pour organiser la distribution du sel aux familles. Ce recensement distinguait celles qui étaient originaires de chaque village de celles venues s’y établir par suite des bouleversements et calamités, tout en précisant leurs origines géographiques.

 

Pour Saint Marcel, le résultat de cette enquête menée en 1654 fait état de 37 ménages :

 

familles originaires de Saint Marcel :

 
  • -Marcel VAUTHERIN                                       - Andrey VAUTHERIN

  • -Vinot CORDELIER                                         - Claude DUPORT

  • -Simon OUDOT                                              - Jean NICOLEY

  • - Jacques BOSSU                                           - Claude MELEY

  • - Nicolas CAMUT                                            - Bastiain MOULOT

  • - Simon DROUHIN                                         - Odot PUGIN

  • - Marcel BOSSY                                             - Simon COUDRIET

  • - Jean DUPORT                                             - Nicolas HUGINEY

  • - Pierre DONET                                             - Jacques DUBOIS

  • - François DUPORT                                        - Luc NEUTILLET

  • - Bertrand MORAND                                      - Toussaint CAMUT

  • - Jacques GIRARD                                         - Nicolas GIRAIN

 

famille originaire de la Province:

 
  • Andrey VUILLEY, de Gilley proche MORTAULT, depuis 8 ans

 

familles issues de l’immigration et donc d’origine étrangère à Saint Marcel :

 
  • -Jean POINSSON, de Lombardie, depuis 8 ans

  • -Nicolas DUMARCHEZ, de Bugny près Arc En Barrois, depuis 1 an

  • -Estienne CHAILLEY,d’Imbérive, depuis 1 an et demi

  • -Claude ROUTHIER, de Corbon près Sens depuis 7 ans

  • -Michel PERFAY, de Saint Ligier, depuis 2 ans

  • -Pierre MARSILLACE, de Bassigny, depuis 2 ans

  • - Denis PHILIPPE, d’un village proche de Langres

  • -Michel POISSOT,de France, grangier de mons,le président Boivin, depuis 7 ans

  • -Girard CORDIER, de Chasteney proche Neufchatel en Lorraine, depuis 1 an

  • -Laurens MATERET, de France, patre, depuis 3 ans

  • -Bastiain GODARD, de La Chapelle en Lorraine, depuis 1 et demi

  • -Nicolas COSTAUT, de Motandon proche Langres, depuis 3 mois .

 

En 1668, Condé conquit la Franche-Conté en quinze jours. Le contraste avec la résistance acharnée de la guerre de 10 ans est grand.

 

Pourtant, quelques mois plus tard, la situation bascule avec le traité d’Aix la Chapelle : la France doit abandonner la Franche-Comté qui retourne à l’Espagne.

 

En 1673, l’Espagne lance des raids en Bourgogne. Les Français contre attaquent alors sur le sol comtois, ce qui eut pour effet d’accroître le sentiment anti-français des populations qui, malgré la défaite, refusent de se rallier à la France de Louis XIV. Même l’Etat Civil de cette époque illustre la volonté des populations à afficher leur nostalgie pour l’épisode espagnol de la Franche Comté. Par exemple et pour le village de Saint Marcel, certains patronymes à terminaison en é, et ou ey prennent celle de ez (Echillez, Drouhez, Etiennez, Matthez …) et les prénoms féminins tels que Cécilia, Elia, Maria, Margherita ou encore Joana apparaissent.

 

Ce n’est qu’en 1678, par le traité de Nimègue, que la Franche-Comté devint définitivement française.

 

Vers 1750, on a coupé dans les bois de Saint Marcel, un chêne énorme, «le chêne de la Paule» (la paule désignant un espace clos par de vastes palissades) auquel se rattache une légende assez curieuse.

 

Ce chêne, dit on, mesurait 15 mètres de tour. A environ 3 mètres de haut, le tronc se divisait en 3 branches énormes dont une, la plus petite avait été conservée dans l’ancien pressoir banal. C’est à l’intersection de ces trois branches mères qu’allait souvent s’asseoir le curé de la paroisse, Simon OUDOT, pour y lire son bréviaire ; car un escalier avait été pratiqué dans le tronc.
 

Pour abattre ce chêne un échafaudage du être établi de manière à permettre de faire les entailles nécessaires à bonne hauteur. Le produit de cet abattage a été estimé à plus de cent voitures de bois.
 

Lorsqu’il fut abattu, la souche restée en terre présentait une surface de 19 mètres carrés et quatre couples y dansaient, fort à l’aise, les contredanses et les sauteuses du temps.
 

Bon nombre de familles du village ont conservé longtemps les ételles de cet arbre gigantesque. Elles étaient façonnées en forme de palettes et servaient aux ménagères pour étendre les gâteaux.

 

Un document signé du maire (JOSSE) le 16 Septembre 1787, fait état d’un certains nombres de travaux importants qu’il est nécessaire et urgent d’entreprendre dans le village :

  • reconstruction à neuf de l’église paroissiale qui est interdite aux fidèles depuis environ dix ans en raison de son état de délabrement, (cela ne sera chose faite qu’en 1843)

  • réfection de la maison curiale devenue vétuste en de nombreux endroits,

  • construction de trois fontaines et d’un puits, sachant que l’unique point d’eau du village se tarit pendant les deux tiers de l’année,

  • reconstruction à neuf de deux autres fontaines du finage dont l’une est hors d’usage depuis plus de vingt ans, et l’autre, également en très mauvais état, est celle de «Valotte» située à plus d’un quart d’heure du village (seul point d’eau potable qui débite à longueur d’année)

  • construction à neuf de deux ponts dans le village, l’un situé route de Montigny, l’autre dans le chemin menant à Noroy sachant qu’en cas de crue de la «Couaz» il est impossible de pouvoir pratiquer ces deux endroits durant plusieurs jours . Selon un plan de 1840, il semblerait que ces travaux ne soient toujours pas réalisés à cette date et que la traversée de la Couaz en ces lieux s'effectue à gué.

 

En 1789, les idées révolutionnaires passent mal à Saint-Marcel, les habitants restant attachés au principe de la royauté et au clergé. C’est ainsi qu’en 1791, le village refusa même le curé constitutionnel imposé par le nouveau régime.

 

Le village prend le nom de «Saint-Marcel Libre».

 

L’année 1792 vit donc disparaître ce qui subsistait du prieuré. Le cloître, les terrains et même l’église prieurale de style gothique furent vendus à bas prix comme bien national par la nouvelle administration. Ce dernier édifice fut ensuite totalement détruit . Il ne resta bientôt plus de cet important ensemble religieux que la maison de ferme, celle qui, en 1888, appartenait à M.GUILLAUME-ROYER et les deux maisons voisines.

 

La maison de ferme possède de belles caves, solidement construites s’étendant sur toute la longueur du bâtiment et la clé de l’arceau de sa porte de grange représente le blason martelé du dernier prieur de Saint Marcel, Alexandre Colbert, avec le millésime 1773.

 



dessin extrait du manuscrit de 1888 de Jules ROY
(collection Jean Marie GUILLAUME)




L'écusson du prieur Colbert martelé pendant la période révolutionnaire 
(Août 2013)





Les caves de la maison de ferme
(Août 2013)

 

Dans le mur de façade des hébergeages de la maison voisine également dotée de belles caves, il existe deux figures en relief ainsi qu’une croix de Saint André, provenant de l’ancienne église paroissiale. La croix de Saint André symbolyse l'attachement à l'identité bourguignonne et franc-comtoise .

 

D’après la tradition locale, ces deux figures seraient celles du seigneur et de la dame qui possédaient la terre de Saint Marcel au IX è siècle et qui firent bâtir la première église paroissiale, d’où leur position initiale dans la maçonnerie extérieure du chœur de cet édifice.


Ces hébergeages ne figurant pas au Cadastre Napoléonien ni sur un plan de 1888 joint au manuscrit de Jules Roy, il y a tout lieu de penser que ces vestiges ont d'abord été conservés avant leur insertion dans les maçonneries de ce bâtiment au moment de sa construction et donc postérieurement à 1888.

 

Il est à noter que le Cadastre Napoléonien nous renseigne assez précisément quant aux contours de cette première église et quant à ceux de l’emprise du premier cimetière qui était plus importante qu’il pourrait y paraitre aujourd’hui. Le plan d'alignement des rues de 1840 confirme ces données et précise la position des escaliers d'accès à l'ancien cimetière.

 

Pendant les trois derniers mois de 1815 et toute l’année 1816, il y eut des pluies continuelles ; toutes les récoltes furent chétives et de mauvaise qualité. Les denrées se vendirent alors à des prix excessifs entraînant une grande famine. Le manque de nourriture ainsi qu’une nourriture viciée engendrèrent des maladies qui enlevèrent de nombreux habitants.

 

Au lieu-dit «  Les Arches de Villaux » situé en limite des territoires de Saint Marcel et de Cemboing, précisément là ou jadis se soudaient deux voies romaines, l'une venant de Port Sur Saône et l'autre de Jussey en direction de Voisey, ont été trouvés des pièces d'or et de nombreuses tuiles romaines, des caves et des souterrains ce qui atteste de la présence en ce lieu et en un temps reculé d'un antique et sans doute important habitat.

 

L'endroit de ces riches trouvailles avait alors pris « Le Trésor » pour nom .

 

C'est là, « Au Trésor » que Félix DAMIDOZ, un habitant de Cemboing , fit la découverte d'une stèle antique enfouie à une profondeur d'environ 6 pieds (1,80 m) .

 

Jacques CORDIENNE, alors administrateur de la paroisse de Cemboing a vu cette pierre lors de sa découverte, en a dessiné la forme et en a transcrit l'inscription sur les registres des baptêmes à la date du 29 Juin 1818 .

 

Sur ce monument, il était écrit:

 

D.M.H.

LOLLOLASSAE FILIO OXTAVIUS MATURUS

FILI POSUER

 

Ce qui signifie : «Honneur aux dieux manes. Octave Maturus et ses fils ont élevé ce monument au fils de Lollolasse» .

 

L’ Académie de Besançon, ayant eu connaissance de la découverte de ce monument, le fit demander ; mais il avait malheureusement été brisé et converti en maçonnerie d’escalier par Félix DAMIDOZ qui l’avait trouvé .

 

D'après le dessin qu'en a retranscrit le Docteur PRATBERNON de la Commission d'Archéologie il s'agit d'un bas-relief sculpté dans une pierre de grès dur à grains fins qui avait du être posée debout, d'une hauteur d'environ 2 mètres, d'une épaisseur de 0,165 mètre et dont la largeur n'était pas indiquée .

 

La stèle présentait un fronton triangulaire orné de deux acrotères latéraux dans lesquels étaient sculptés des sortes de carrés auxquels il manquerait un angle inférieur de chaque coté d'un triangle médian .

 

Deux motifs bordaient l'inscription contenue dans un cartouche . Il sont représentés comme deux baguettes terminées à chaque extrémité par une sorte de boule . Peut-être s'agit il de colonnes stylisées .

 

Sous le fronton triangulaire était sculpté un arc de cercle orné en son centre d'un disque .

 

Une seconde interprétation de l'inscription stipule qu'elle doit signifier que deux fils (Oxtavius et Maturus) ont érigé ce monument en l'honneur de leur père dont le patronyme ( jugé de lecture incertaine) était placé en tête .

 

A noter sur le territoire de la Commune de Saint Marcel un lieu dit « Les Ages de Villot » en limite du territoire de la Commune de Cemboing, qui n'est pas sans rappeler les « Arches de Villaux » et la rue du même nom à Cemboing qui donne la direction de ce lieu-dit .

 

En 1828 la construction du nouveau presbytère (la Cure), en corvée, comme le rappelle l’inscription que porte une pierre de l’angle Sud-Est de ce bâtiment, servit de Maison Commune dans un premier temps sachant que le curé de l’époque et ce depuis le 04 Février 1816, était Jacques CORDIENNE originaire du village et qui jouissait à Saint-Marcel d’une maison qui lui était personnelle.

 

Le précédant presbytère avait été vendu après la révolution en tant que bien national à Nicolas.MIGNOT, notaire au village. A son décès, ses héritiers ont revendu cette bâtisse à N.CERCOY de Charmes Saint Valbert (huilier à Saint Marcel) qui, à son tour, la céda à Théophile MIGNOT.

 

Au décès de l’abbé Jacques CORDIENNE, la commune acheta sa bâtisse à ses héritiers pour y établir l’école, la mairie et le logement de l’instituteur (voir plan de 1840 rue de la Riotte).  Le nouveau presbytère reprit alors le rôle qui lui était initialement dévolu et hébergea les prêtres suivants .

 

A noter, en 1832, une importante épidémie de choléra qui fit jusqu’à 70 victimes à Cemboing .

 

En 1840 il est envisagé de construire une nouvelle église paroissiale à une nef. Saint Marcel comptant environ 450 habitants à l’époque et au vu des estimations de développement de la population du village, il fut décidé de porter sa capacité d’accueil à 400 personnes, hors le clocher, le chœur et l’espace utile à la création de deux petits autels collatéraux.

 

En 1843, l’ancienne église paroissiale, de style gothique, qui eut a souffrir d’un certain nombre d’exactions depuis le IXè siècle, est donc démolie et la construction de l’actuelle église est entreprise sur le même emplacement, selon les plans de l’architecte Claude LOISELOT de Montigny .

 

A cette époque le curé de la paroisse, Marie François BOISSON, a fait recouper la pierre tombale du prieur Antoine de MYPONT pour servir de pierre d’autel à la nouvelle église, mais les dimensions ayant été prises avec peu de précision, la pierre se trouva trop courte et resta sans emploi au presbytère.

 

En 1888 elle était devenue la propriété d’un habitant du village, Théodule MIGNOT.

Restée là stockée et exposée aux intempéries, cette pierre s’est altérée au point de devoir être mise en décharge par le propriétaire actuel des lieux .

 

Quant à la pierre tumulaire qui recouvrait les restes du prieur Guillaume de BEAUFFREMONT, qui avait été inhumé au chœur de l’église prieurale en 1500, elle servit longtemps de pierre de seuil à la porte d’entrée de la maison de Ferréol MIGNOT de Saint Marcel. avant d’être vendue, aux environs de 1868, à un descendant de la famille.

 

La bénédiction de la première pierre de la nouvelle église paroissiale a eu lieu le 04 Mai 1843, en présence de plusieurs curés du voisinage et des fidèles qui s’étaient réunis dans le local provisoire des offices. Tous se sont ensuite rendus en procession sur le chantier.

 

Cette «première pierre» est celle de l’angle Sud-Ouest du clocher de la première assise en pierre de taille de l’édifice.

 

Le prêtre (François Marie BOISSON), arrivé à cet emplacement, a commencé les prières de circonstance et plaça dans une excavation pratiquée dans la pierre, deux plaques de plomb ainsi gravées :

 

Première plaque : Année 1843

Grégoire XVI Souverain pontife

Césaire MATHIEU Archevêque

BOISSON curé

LOISELOT de Montigny Architecte

DROUHIN de Chariey Entrepreneur

 

Seconde plaque :

 Louis Philippe Roi

MAZERE Préfet

Nicolas CERCOY Maire

Claude François MARTIN Adjoint

Conseillers

Jacques AUBERT

Antoine GUILLAUME

Pierre Joseph AUBERT

Claude François PIROT

Marcel ROUSSELOT

Nicolas MIGNOT

Jean PERNOT

Jean Baptiste MIGNOT

 

En 1845, il est procédé à la réfection des murs qui entouraient la première église, ces derniers ayant été presque totalement détruits pendant les travaux de reconstruction de l’église et une partie d’entre eux se trouvant hors alignement (coté route), d’ou la réduction de l’emprise de l’ancien cimetière.

 

De plus, une autre partie, celle qui sert de soutènement au cimetière du coté de l’ancienne maison curiale qui appartenait alors à Monsieur CERCOY, s’était écroulée dans l’hiver. Cette partie de murs comporte encore l’escalier de pierres permettant aux prêtres d’accéder directement de la cure à l’église via l’ancien cimetière.

 

Le 14 Février 1845, le Préfet demande à la commune de Saint Marcel de prévoir la création d’un nouveau cimetière en faisant remarquer que la nouvelle église qui vient d’être bâtie, se trouve sur le même emplacement que l’ancienne et qu’on a laissé subsister le cimetière qui la borde.

 

Le Préfet stipule que cette position est une cause d’insalubrité et qu’un cimetière au centre des habitations est contraire au vœu de la loi ; et il conclut qu’un nouvel emplacement, situé hors de la Commune, doit en conséquence être trouvé .

 

Le village ayant consacré une part importante de ses ressources financières à la construction de la nouvelle église, cette mise en conformité ne put intervenir qu’en 1860 (bénédiction du nouveau cimetière le 09 Septembre).


 


L'entrée du "nouveau" cimetière édifié en 1860 en rive du chemin "de Tirevaux" 
(Août 2013)





La croix du "nouveau" cimetière
(Août 2013)

 

 

La consécration de la nouvelle église paroissiale a été faite le 18 Juin 1848, sous le vocable de Saint Marcel , par Jacques Marie Adrien Césaire MATHIEU, archevêque de Besançon.

 

Les travaux de reconstruction de l’église auront duré 5 ans.


 


La rue principale et la nouvelle église vers 1910
(photo Jean-Pierre Guillaume)


 

 

Histoire des cloches : 1859
 

Le 24 Mars 1859, le Conseil de Fabrique s’est réuni en vue d’émettre son avis quant à la refonte des cloches du village. La Fabrique au sein de la communauté catholique, désignait un ensemble de décideurs clercs et laics nommés pour assurer la responsabilité de la collecte des fonds et revenus utiles à la construction puis l'entretien des édifices et mobiliers religieux . Les membres du Conseil de Fabrique portaient les noms de marguilliers ou fabriciens .

 

Au vu :

  • de la délibération du Conseil Municipal par laquelle une somme 750 francs (y compris celle de 200 francs promise par le Préfet sur le produit des amendes de police) qui a été votée pour la refonte de la cloche cassée depuis le mois de Mai,

  • du marché passé et signé par le Maire (PIROT), l’Adjoint (DELESTRE) et un Conseiller (GUILLAUME) avec le sieur BARDOZ, fondeur à Breuvannes (52) le 01 Mars 1859 pour la refonte des 2 cloches,

  • d’une des clauses de ce marché stipulant que si, par suite de dons, il est possible d’augmenter le poids des cloches, le fondeur sera tenu d’accepter cette modification à raison de 3,50 francs par kilo supplémentaire,

  •  

les membres du Conseil de Fabrique, après délibération, estiment que pouvant espérer des dons dans la commune, il sera possible d’augmenter le poids de la plus petite des cloches au point d’en faire la plus grosse tout en gardant l’harmonie et concluent que le marché passé peut recevoir exécution, ce qui est le vœu de la population.

 

Sous l’impulsion de son président, le Conseil de Fabrique vote une somme de 300 francs destinée à grossir les dons issus de la collecte dans le village qui rapporta 556francs et des dons de blé et de vin .

 

La cérémonie de bénédiction des deux nouvelles cloches par le curé de la paroisse, Pierre MARMIER, a eu lieu le 11 Août 1859 en présence de 18 prêtres.


 


(Mai 2014)




(Mai 2014)





(Mai 2014)
 

 

Elles sont porteuses des inscriptions suivantes :

 

- l’une : Nom Reine 1859

Parrain : CHAMPONNOIS

Marraine : Madame LALLEMAND née Reine DELAITRE

 

- l’autre : Nom : Amélie 1859

Parrain : Abbé GOUSSET

Marraine : Melle PIROT



 

Mademoiselle Marie Thérèse Amélie PIROT de Saint Marcel était une personne d’une grande piété. Elle était religieuse et, a 27 ans, décéda le 30 Janvier 1868 à Paris . Son corps repose au cimetière de Saint Marcel .

 

On remarque à l’extérieur de la nef, du coté droit de l’édifice et à proximité du transept, l’encadrement en pierres de taille d’une porte donnant accès à l’ancien cimetière. Devenu inutile, cet accès aux tombes qui faisait face à la porte latérale de gauche encore présente, a très probablement été muré vers 1860.

 

La mémoire populaire rapporte que les corps des défunts de l’ancien cimetière n’ont pas été relevés, que seules quelques pierres tombales de prêtres, de notables et fidèles bienfaiteurs ont été reposées dans l’allée centrale et le transept de la nouvelle église et que les restes de Marie François BOISSON seraient ainsi encore en place précisément au droit de la porte latérale qui a été murée.
 

             

L'emplacement de l'ancien cimetière
(Août 2013)

 

 Une pierre très ancienne (monolithe) est restée longtemps tout simplement posée en appui contre la maçonnerie extérieure du chœur de l’église, au débouché des marches qui mènent à l’ancien cimetière en venant de la place .Elle interpelle  car une croix y est sculptée sur les deux faces et elle porte le nom de «Croix des Morts».

 

Tout ceci laisse supposer qu’elle était initialement érigée (en cippe) pour être visible des deux côtés et dans un cimetière, celui de l'église ou celui du prieuré . C' est à ne pas en douter le plus ancien vestige paléochrétien subsistant au village.

 

                                               
                                                                                             (Août 2014)
         

 

Comme en atteste la photo ci-dessous de fin Mai 2014, cette pierre vient tout juste d’être déplacée et érigée au droit du portail d'entrée de l'église . Cette position offre l'avantage de pouvoir en observer les deux faces sculptées dont l'une, celle qui était la moins exposée aux intempéries , est en meilleur état de conservation .



                                                
                                                                                              (Mai 2014)

 

Le 23 Avril 1854, le Conseil de Fabrique du village décide de donner une suite favorable à la demande de Monseigneur Mathieu, Archevêque de Besançon, qui estime urgent de procéder à la décoration intérieure de la nouvelle église paroissiale, vu son grand état de nudité. Il préconise que les plans de l’architecte VAINCHAND de Besançon soient rapidement mis en œuvre .


           

                                                                                                (Août 2013)

La tache est confiée à Monsieur Alexis JAMAIS, doreur à Vesoul qui, outre les travaux de dorure et de peinture, assura notamment l’habillage du chœur avec des boiseries et l’installation d’une armoire en chêne derrière l’autel destinée à recevoir les divers objets de culte.


                                                                                                                         (Août 2013)

 

De 1850 à 1890 environ, deux sociétés ont extrait des phosphates de chaux fossiles en différents points du territoire du village. Les terrains étaient concédés aux exploitants en l’échange d’une prime de 10F l’are. Ces travaux, réalisés essentiellement par de la main-d’œuvre italienne, s’effectuaient à une profondeur allant de 50cm à 2,5m.

 

En 1864, du 03 au 19 Janvier, une Mission est prêchée à Saint Marcel par Monseigneur GOUSSET et Monseigneur BOILLOZ aux frais de Mademoiselle GOUSSET de Chauvirey (religieuse ?). La croix en pierre encore présente devant le portail d’entrée de l’église à été édifiée en mémoire de cette pieuse manifestation comme le rappelle l’inscription «MISSION 1864»gravée sur son socle.

 

En 1868, le puits communal situé route de Montigny au débouché de la Riotte ( et qui avait pris le nom de Fontaine Noire) est abandonné et les trois fontaines dites «de la Planche du Pont», «du Haut» et celle «du Bas» reçoivent les aménagements utiles à améliorer les conditions de lavage du linge. La fontaine «du Bas», quant à elle, est alors installée à l’emplacement de l’ancienne mare. N’étant plus utile vers 1965, elle sera aménagée pour recevoir et abriter les équipements «congélateurs» sous forme de cases individuelles louées par la Commune aux habitants.

 

L’agriculture (céréales, fourrage et légumes) est toujours restée routinière et sur des terres morcelées. Pourtant le sol est généralement assez fertile.

 

La culture de la vigne fut active jusqu’avant les méfaits du mildiou et surtout du phylloxéra (vers 1860) puisque Saint-Marcel comptait environ 50ha de vignes qui assuraient une production annuelle de 2000 hl d’un vin rouge de qualité satisfaisante pour l’époque. Mais, là aussi, la vinification était restée routinière, les habitants ne récoltant plus que pour leur consommation personnelle jusqu’aux alentours de 1970.

 

La plupart de nos ancêtres se déclaraient ainsi et officiellement vignerons.


 


Scène de vendange en Octobre 1932
(collection Gaston VILLEMIN)

 

 

Le commerce, naturellement, se limitait aux produits du sol et du bétail (bovins et chevaux pour l’essentiel, les volailles, les porcs et les moutons étant destinés plus généralement à la nourriture des familles).

 

En 1849, une enquête est lancée par le Préfet dans le cadre des études de tracé et de réalisation de la ligne de Chemin de Fer de Paris à Bale. Cette enquête nous rappelle qu’à cette époque le village comptait environ 450 habitants et nous renseigne sur l’importance de l’élevage dans la commune. On y dénombrait :

 
  • 80 bœufs de 3 ans et plus,

  • 24 bœufs de 2 à 3 ans,

  • 80 veaux jusqu’à 2 ans,

  • 108 vaches,

  • 27 chevaux,

  • 192 porcs,

  • et 300 moutons.

 

Les débouchés offerts par les marchés et foires de Jussey étaient suffisants à l’écoulement des productions du village.

 

L’exploitation forestière ne s’est développée qu’assez tardivement, le bois ne servant auparavant qu’au chauffage des foyers domestiques et aux constructions locales (principales essences : chênes, hêtres, charmes et frênes).

 

Les maisons de Saint Marcel n’ont pas été construites régulièrement et n’ont pas le même alignement, ce qui choque la vue.

 

Celles qui ont été relevées à la suite des invasions des 15è et 16è siècle ne présentent qu’un rez-de-chaussée surmonté d’un petit grenier. C’est la preuve que les habitants dépouillés par les guerres et peu sûrs du lendemain, n’étaient pas en mesure d’élever des constructions plus vastes et plus confortables avant les années 1850-1900. Ils bâtissaient juste de quoi se mettre à l’abri eux et leur famille.

 

Les plus anciennes paraissent être celles qui bordent la rue dite «la Riotte» (Ruotte : ruisseau) et qui longent la Couaz.

 

Cette rue fut sans doute longtemps la seule à traverser le village et la déviation de son prolongement direct vers Jussey par le " Chemin de Jussey "  n’a du être nécessitée que par l'impossibilité d'élargir ce chemin en raison de la présence du prieuré et de l'église prieurale qui le bordaient.

 

Le fait que les murs de l’ancien cimetière, initialement établi autour de l’église du IXè siècle aient du être remis dans l’alignement au moment de la construction du nouvel édifice de 1843, confirme le besoin d’élargissement de l’axe Vitrey-Jussey au droit de l’église et la nécessité d'abandon progressif de la Riotte et du chemin de Jussey en tant que rues principales du village.

 

C'est ce qui explique que le tracé de la route venant de Jussey ait pris la forme d'un «S» , juste à l’entrée du village . Ce tracé subsista jusqu’au début des années 70 mais, réputé dangereux, il fut alors rectifié pour faire face à l’accroissement du trafic automobile qui aujourd'hui atteint véhicules par jour.

 

En dehors de la Riotte, bon nombre des rues ont perdu un temps leur nom. Tout juste était-il fait état des chemins du cimetière, de Jussey, de l'étang, de Noroy et du Cornot. Pourtant, en 1840 et en dehors de la Riotte (Ruotte), on trouvait : la Grande Rue, la Rue de derrière la Cour, la Rue du Pré Lambert, la Rue du Cornot, de la Fontaine du Centre, la Rue Basse, la Charrière des Pommiers, le Chemin de Noroy, la Rue Cerçoy, et la Rue Delaître.

 



(collection Jean Pierre Guillaume)




Les voies principales reçurent simplement le nom de la direction donnée : route de Montigny, de Jussey,et de Vitrey, précision étant toutefois faite quant à la partie haute de cette dernière qui parfois était baptisée "route de la Planche du Pont".

 

La distribution de l’eau dite «au robinet» n’est intervenue qu’en 1956-1957 et celle de l’électricité s’est faite vers 1920.


Plusieurs documents anciens rapportent l'existence d'un chirurgien à Saint-Marcel :

- un acte de mariage en date du 01/12/1736 entre Joseph MAIRET, chirurgien, et Jeanne Marie CORDIENNE,
- un nouvel acte de mariage en date du 19/09/1766 entre Joseph MAIRET, chirurgien veuf de J.M. CORDIENNE, à Anne CONVERS originaire de Cemboing,
- en 1793 un extrait de jugement entre Marcel MAIRET maître de chirurgie et la Commune de Saint-Marcel relativement  à l'acquisition des terres situées au Closey de Valotte alors en vente en tant que biens nationaux.
 

L'un de ces chirurgiens (si ce n'est pas les deux) a résidé en l'actuelle maison de Gaston VILLEMIN ou une trousse de chirurgie (aujourd'hui égarée) avait longtemps été conservée dans le grenier de cette bâtisse.  

 

Au début des années 1800, les presques 700 ha qui constituaient le territoire de la commune, se répartissaient à peu près comme suit:

 
  • terres labourables : 448 ha,

  • chenevières (champs de chanvre) : 3 ha,

  • jardins et potagers : 5 ha,

  • prés : 86 ha

  • vignes : 40 à 50 ha,

  • bois : 100 ha,

  • vergers : 2 ha (pommiers, poiriers, cerisiers et pruniers pour l’essentiel),

  • patis (friches où l’on fait paître le bétail) : 11 ha,

  • étangs : 1 ha,le reste étant représenté par des friches, murgers (nom local pour désigner de petites parcelles entourées de murets de pierres sèches), mares d’eau et sols des maisons.

 

 
 

















 

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