Photo panoramique (Mai 2014)
La nouvelle église paroissiale de 1843 est à une seule nef et construite à l’emplacement même de celle du IXè siècle . De cette dernière nous n’avons que peu d’informations.
Le Cadastre Napoléonien nous en révèle toutefois le contour, ainsi d’ailleurs que l’emprise de l’ancien cimetière qui l’entourait.
L'église du IX siècle.
Cadastre "napoléonien" (période de 1828 à 1840)
On sait qu’elle était de style gothique et à trois nefs, ce qui peut laisser supposer qu’à l’époque de sa construction, au IX siècle, la population du village avoisinait les cinq ou six cents âmes, qu’elle fut interdite aux fidèles vers 1777-1778 au motif d’insécurité en raison de son état de délabrement et qu’ en attendant la construction et la consécration du nouvel édifice, qui n’est intervenue que le 18 Juin 1848, les offices étaient célébrés dans un local provisoire. De cet endroit, pourtant utilisé quelques soixante-dix années, rien n’est parvenu jusqu’à nous. Tout juste pouvons nous supposer qu’il devait être d’une capacité importante pour pouvoir accueillir les 70% environ de la population du village qui, à l’époque, pratiquaient régulièrement le culte catholique.
En 1843, lorsqu’il fut question de construire le nouvel édifice, il fut décidé de réutiliser un certain nombre des matériaux de l’ancienne église afin d’abaisser au mieux le coût de cette reconstruction.
Les travaux auront duré cinq ans et le nouvel édifice a donc été consacré le 18 Juin 1848.
vers 1910
(collection Michel Dubois)
L'intérieur de l'église vers 1955
(collection Michel Dubois)
Dans le dallage de l’allée principale qui mène au chœur et dans celui du transept on remarque une succession de pierres tombales, de couleur jaune pâle, plus ou moins anciennes et parfois rendues illisibles sous les effets du temps Ces pierres tombales, provenant de l’ancien cimetière, ont été insérées dans le dallage de l’édifice, qui est essentiellement composé de pavés de pierre d’un gris très sombre et que la présence des menuiseries des bancs réservés aux fidèles interdit d’observer sur toute sa surface. Cette opération s’est, au plus tard, effectuée au moment de l’abandon de l’ancien cimetière, soit aux environs de 1860.
(Aout 2013)
(Août 2013)
Ces pavés «noirâtres» sont visiblement très anciens et pour la plupart très usés . Certains d’entre eux laissent pourtant encore entrevoir la trace de volutes ciselées. Ces observations laissent ainsi supposer que le pavage de l’ancienne église a été réutilisé, soit tel quel, soit après dépose et repose.
(Août 2013)
Les pierres tombales rappellent au souvenir des fidèles quelques prêtres décédés au village au cours de l’exercice de leur ministère ainsi que quelques notables ou villageois bienfaiteurs de la paroisse. Elles sont porteuses des inscriptions suivantes :
- les pierres tombales de l'allée principale et en partant du Choeur :
(Août 2013)
ICY GIT LE SR
NICOLAS FOYOT
NOTAIRE ROYAL
A ST MARCEL QUI
DECEDAT LE 20
AVRIL 1743
REQVIESCAT IN
PACE AMEN
(Août 2013)
(Août 2013)
HICI GIT JO
HANNES BOS
SUT PERE QUI
ONIT DIE 16
AUGUS 1626
(Août 2013)
CI GIT
FRANCOIS MARIE BOISSON
NE A VESOUL LE 27 OCTOBRE
1767
NOMME CURE DE ST MARCEL
LE 18 OCTOBRE 1834
DECEDE LE 30 MAI 1852
REQVIESCAT IN PACE
AMEN
(Août 2013)
(Août 2013)
CY GIT JEANNE COR
DIENNE FEMME DE
PIERRE GODARD DE
ST MARCEL QVI TREPA
SA LE 5 JANVIER
1743 DIEU AYT
SON AME REQVI
ES CAT IN PACE
AMEN
(Août 2013)
(Août 2013)
(Août 2013)
A demi recouverte sur son côté droit par les menuiseries des bancs :
FONDATION FAITE A L
DE MARIE VAUTHERIN D
DESMESSES REQVIEM
VIGILES POUR TRESPASS
MESSES BASSES PAR AN A ST M
PREMIER JANVIER 1709
(Août 2013)
CY GIT CLAUDE C
ONVERS
QUI TREPASSA
1702 DIEU AIE SON
AME REQVIESCAT
IN PACE
AMEN
L.B. CONVERS
DECEDE LE 12 OCTOBRE 1830
- la pierre située dans le dallage du trancept, côté droit, est illisible dans sa partie haute mais dédiée à un prêtre :
(Août 2013)
Il reçut la prêtrise à 23 ans puis fut nommé
à la cure de Bourguignon Les Morey à
26 puis à celle de Saint Marcel à 34
Il se distingua toujours par la pureté
et la simplicité de ses moeurs par la
piété la plus tendre par son zèle pour
la Gloire de Dieu par sa Générosité
envers les pauvres et les églises
par la .......... de toutes les vertus
Il mourut le 27 Juin 1832 âgé de 36
ans emportant les regrets de ses pa
rents et de tous ses paroissiens qui
ne l'oublieront jamais
Dilectus deo et hominibus gaudis
perfruanu acleinis
- la pierre située dans le dallage du trancept, côté gauche :
(Août 2013)
(Août 2013)
ICI REPOSE
LE CORPS DE NO
EL MARCHAND
ET NATIF DE L' ISY
UN TRES RESPECT
ABLE PRETRE ANCI
EN CURE DE ST MAR
CEL DECEDE LE 8
OCTOBRE 1832 . IL
ATTANT LA RE
SURECTION GENE ( la suite du texte est cachée par les menuiseries des bancs )
L’intérieur de l’église est de décoration chaude et aux couleurs harmonieuses.
(Août 2013)
En 1854 elle a été confiée à Alexis JAMAIS Sculpteur et Doreur de Vesoul qui prit aussi en charge :
de boiser le chœur et les faces latérales en chêne d’après les plans et devis de l’architecte VAINCHAND de Besançon,
de peindre la calotte du chœur,
de placer deux consoles en chêne contre la boiserie,
de bronzer et dorer l’appui de communion,
de placer derrière l’autel un buffet de chêne,
d’orner tous les médaillons de la boiserie du chœur et les deux panneaux des faces latérales de sculptures et attributs allégoriques dorés,
de vernir toute la boiserie du chœur .
La lumière du jour pénètre largement à l’intérieur de l’église par les six vitraux de la nef et les deux du chœur.
(Août 2013)
(Août 2013)
Par contre, la voûte au-dessus du sanctuaire parait un peu sombre par rapport au reste.
(Août 2013)
Cette voûte est peinte en totalité sur fond de firmament . Dieu y est représenté en médaillon en son centre, bénissant le monde debout sur la terre nourrissière, deux pieds de vigne et de blé à ses cotés.
(Août 2013)
A la croisée du transept, la chaire en bois sculpté est surmontée d’un abat-voix. Comme le veut la tradition elle est implantée du coté de l’Evangile, le côté gauche de la nef quand on fait face à l’autel.
Au dessus du tabernacle de l’autel sont sculptées des têtes d’anges entourant un triangle rayonnant qui symbolise la Sainte Trinité et à l’intérieur duquel on ne retrouve pas l’œil de la Providence mais l’indication JOHVA (Joseph) en hébreu de JEHOVAH (l’Eternel) comme pour rappeler qu’à ses débuts la religion chrétienne n’était qu’une déviance de la religion juive.
(Août 2013)
L’œil de la Providence, l’œil du Dieu chrétien exerçant sa surveillance sur l’Humanité, est présent dans la voûte peinte du chœur, au centre d’un triangle rayonnant et l'inscription IHS ( Jesus hominum Salvator : Jésus Sauveur des hommes ) est plusieurs fois répétée sur les piliers de la nef.
(Août 2013)
(Août 2013)
La nouvelle église conserve quelques éléments mobiliers anciens d’ importance du point de vue patrimonial :
la Vierge dite «du Prieuré» en bois sculpté finement, doré et argenté qui date du XVI è siècle, et de style bourguignon . La finesse des détails de cette statue tranche avec le reste des autres représentations. On la trouve dans la chapelle de droite du transept,
(Août 2013)
(Août 2013)
un crucifix en bois du XVIII siècle,
deux colonnes torses à raisins de part et d’autre de la statue de la Vierge du Prieuré,
un tabernacle ancien également à colonnes torses sous la statue de la Vierge du Prieuré,
des statuettes des Evangélistes en bois doré,
une fort belle statue de Saint Vincent du XVII è siècle,
deux statuettes de confrérie : Sainte Barbe et Sainte Anne,
au dessus de l’entrée principale les restes de l’ancien retable de l’église du IX è siècle, flanqué de deux antiques statues sur socle armorié. On y voit la Vierge qui écrase du pied le serpent de la tentation,
(Août 2013)
(Août 2013) au fond et à droite : le baptistère et les Fonds Baptismaux.
et dans le sanctuaire, douze médaillons sculptés en ronde bosse figurant les apôtres.
Les Fonds Baptismaux en pierre taillée se présentent assez simplement à l'intérieur du Baptistère en forme de niche étroite et aménagé dans l'épaisseur des maçonneries du fond de la nef.
Les quatorze médaillons qui composent le Chemin de Croix sont remarquables de finesse. Ils illustrent avec beaucoup de sensibilité le calvaire du Christ.
(Août 2013)
Quand on observe attentivement une des plus anciennes cartes postales de l’intérieur de l’église, il apparaît que ce chemin de croix en a remplacé un plus ancien qui se présentait sous la forme d’une succession de tableaux de forme rectangulaire et surmontés, comme il se doit, chacun d’une croix.
(collection Jean-Pierre Guillaume)
Lors de notre visite du clocher le 26 Mai 2014 nous avons retrouvé ce Chemin de Croix entreposé au premier étage. Il est malheureusement exposé à la poussière et aux déjections des oiseaux . Il n'est pas très ancien puisque constitué de lithographies placées sous verre, ce qui nous fait le dater aux environs de la fin du XIX ou le début du XX siècle. L'encadrement est en bois peint de couleur bleue-nuit très sombre et orné de moulures en plâtre doré. Ce Chemin de Croix ne peut pas en conséquence être celui de la première église paroissiale mais peut-être celui qui équipait le local provisoire et qui aurait été réutilisé dans la nouvelle église pendant un certain temps et au moins jusqu'au alentours des années 1925-1930 au vu de la carte postale ci-dessus.
Une partie du Chemin de Croix conservé au premier étage du clocher
(Mai 2014)
Il est également à noter que les deux anges en plâtre qui se faisaient face à chaque extrémité de l’autel ainsi qu’on peut les observer sur les cartes postales de l’intérieur de l’église ont disparus. Ils ont en effet été vendus vers la fin des années 50 (ou le début des années 60 ) sur la proposition du curé de l’époque, le curé Michaux, qui les trouvait trop grassouillets et disgracieux.
(collection Jean Pierre Guillaume)
(Août 2013)
Les attributs allégoriques, qui se présentent en général comme de véritables objets d'art, participent aussi à la décoration intérieure de l'église.
Mais, leur rôle au sein de l'édifice est d'aider le prêcheur et préparer le chrétien en devenir.
Une première lecture "terrestre" de ces attributs doit en appeler une seconde plus profonde, faite d'enseignement et d'apprentissage de la vie ; puis, une troisième devant aboutir à la révèlation de la foi, de l'infini, de l'espoir et du monde de l'au-delà.
C'est ainsi que l'on assiste, dans cette église de 1843, à une succession de représentations qui attirent le regard et qu'il est utile d'interpréter à partir des informations suivantes : ( photos en cours )
- scèptre : bâton de l'autorité royale
- crosse : bâton de l'autorité épiscopale de l'Evêque ou bâton pastoral d'Evêque
- férule papale ( à 3 branches horizontales rétrécissant vers le haut ) : la Trinité chrétienne
- mitre de l' Evêque
- tiare : triple couronne papale
- feuiles de chêne et glands : symbole militaire d'origine romaine ( valeur, fidélité, courage et force )
- évangiles : connaissance et foi
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- encensoir : la prière qui monte aux cieux et purification
- les Dix Commandements
- étole : la prêtrise ( l'étole est utilisée pour la messe et l'administration des sacrements )
- férule papale
- crosse ou bâton pastoral d'Evêque
(Août 2013)
(Août 2013)
- vigne : symbole de l'Eucharistie ( la célébration des sacrifices du corps et du sang de Jésus )
- croix, marteau et tenaille : rapellent aux fidèles les évênements de la crucifixion de Jésus. C'est la croix de la Passion
- Vierge couronnée : sans être elle même divine, la Vierge mère de Dieu, est placée par lui au-dessus de toutes les créatures, anges et hommes (doctrine de l'Assomption)
- Assomption : enlèvement de Marie qui monte au ciel (se fête le 15 Août)
- baptème de Jésus par Jean-Baptiste au bord du Jourdain : Jésus prend en charge le péché du monde et c'est le premier acte de sa vie publique
- étoile à cinq branches ( pentagramme ) pointe vers le haut : protection contre le mal
- Saint Joseph et l'enfant Jésus : Joseph le père nourissier de Jésus
- Vierge la main sur le coeur : la flamme d'amour du coeur immaculé de Marie
- Sacré Coeur : l'amour divin par lequelle fils de Dieu a pris la nature humaine et a donné sa vie pour les hommes ( traces de sa crucifixion sur ses deux mains ).
La sacristie est de conception classique. Elle possède un meuble en chêne avec un petit placard en son milieu qui rappelle le tabernacle et de larges tiroirs plats dans sa partie inférieure.
Le clocher est typiquement comtois puisque bulbeux, de son vrai nom «à l’impérial», tout en rondeurs et recouvert de tuilettes polychromes vernissées qui en épousent les courbes et contre-courbes savamment mariées.
Le tout est recouvert d’un piédouche de base carrée supportant une croix élégante en fer forgé sur laquelle a pris place l’ultime terminaison de l’édifice : le coq-girouette qui exerce sa surveillance et renseigne les villageois sur l’orientation des vents . Pendant des siècles, il fut l’unique source d’informations météorologiques pour les heures à venir.
Dans sa partie haute, il offre sur chacun de ses pans une ouverture garnie d'un dispositif de rabat-son.
Le porche du clocher abrite deux plaques commémoratives en l’honneur des prêtres BOISSON et MARMIER qui ont fortement contribué , le premier à le reconstruction de l’église, le second à sa décoration en 1854.
(Août 2013)
(Août 2013)
Derrière une porte de bois se trouve le pied de l'escalier en colimaçon et en pierres maçonnées qui mène au clocher proprement dit.
Au débouché des marches de pierre de cet escalier étroit on accède à un premier niveau dans le sol duquel est aménagée une trappe circulaire fermée par un plancher ( visible du dessous depuis le porche d'entrée quand on lève les yeux ) et par laquelle étaient hissées les cloches lors de leur installation.
Au dessus, on trouve un deuxième niveau auquel on accède par une échelle en bois et une petite trappe aménagée dans son plancher en lames de bois. C'est là qu'on découvre, encore présent à cette date et tout poussiéreux, l'ancien mécanisme « mécanique » de l'horloge qui commandait le tintement des cloches toutes les heures et demi-heures ainsi que pour les angélus.
(Mai 2014)
Cet ensemble fonctionnait sous l'action de contre-poids encore visibles qu'il fallait remonter régulièrement ( toutes les semaines environ ) à l'aide d'une manivelle, elle aussi toujours présente et déposée sur le coffre de protection de l'ensemble. Sur la façade avant de ce coffre sont aménagés deux rabats vitrés qui, montés sur charnières, permettaient d'accéder au mécanisme quand, par exemple, il était utile de procéder à son graissage ou à la remise à l'heure de l'horloge. De là, on accède enfin au dernier niveau du clocher par une seconde échelle de bois et on découvre enfin les deux cloches suspendues à une solide charpente de chêne.
La dernière personne du village qui avait la charge de « remonter l'horloge » avant son électrification fut Marcel PIROT aujourd'hui décédé.
Vu de l'extérieur de l'édifice, le portail d’entrée qui donne accès au porche est assez sobre puisque seulement surmonté d’un fronton triangulaire surbaissé en pierres moulurées sur lequel repose une croix très simple.
Au bas de l'angle de droite du porche : la "première pierre de l'édifice"
(Août 2013)